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168 professeurs exigent la réouverture immédiate de l’université Cheikh Anta Diop

La presse a rendu publique le 9 décembre 2023 des propos qu’auraient tenus le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation lors d’un récent point de presse sur « la situation des universités publiques ».

D’après ces comptes-rendus, le professeur Moussa Baldé s’est livré à un plaidoyer pour un enseignement « bi-modal » et, s’exprimant sur la situation de l’UCAD, il a brandi les résolutions du Conseil académique qui aurait estimé que les « conditions nécessaires pour une reprise » ne seraient pas encore réunies. Pour rappel, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), fleuron de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de notre pays et de l’Afrique francophone, est restée fermée depuis les émeutes du 01 juin 2023 qui avaient embrasé plusieurs parties du pays.

Les conséquences académiques et scientifiques de cette fermeture sont catastrophiques : réduction drastique du quantum horaire, baisse de niveau des étudiant.e.s, diplômé.e.s insuffisamment qualifié.e.s, chevauchement aggravé entre les différentes années universitaires, etc. Et pour tenter d’atténuer les conséquences pédagogiques et scientifiques de cette fermeture, l’autorité et sa majorité mécanique au Conseil académique ont décidé de remplacer l’enseignement en présentiel par un simulacre d’enseignement à distance. Réduit -surtout dans les premiers cycles des grandes facultés- à une simple insertion de supports de cours sur des plateformes virtuelles, l’enseignement à distance, décrété de façon unilatérale et totalement improvisée par l’autorité, est au fond et en la forme très éloigné de ce qu’est réellement ce type d’enseignement. Malgré toutes ses limites et son inadaptation avérée à des étudiants de premier cycle universitaire qui doivent d’abord acquérir les compétences de base des techniques d’apprentissage, le véritable enseignement à distance est qualitativement un cran au-dessus de celui qui est en train de se mettre en place à l’UCAD et qui, faut-il le souligner, est loin d’avoir la qualité d’un très mauvais MOOC. En outre, au-delà de ce problème de fond, la décision de remplacer de façon improvisée un enseignement en présentiel qui présentait certes des limites conjoncturelles dues essentiellement à la massification, au déficit d’infrastructures et de personnel enseignant par un faux-semblant d’enseignement à distance n’est pas sans poser de sérieux problèmes logistiques. Non seulement près de la moitié des enseignants de l’UCAD ne disposent pas de bureaux mais le pays est également insuffisamment électrifié et connecté à Internet. Cette situation a ainsi entravé l’essentiel du travail du Personnel d’enseignement et de Recherche (PER) et elle a mis de fait des dizaines de milliers d’étudiants de l’UCAD dans des situations d’impossibilité d’accès au simulacre d’enseignement à distance.

Si malgré les images insoutenables d’exil forcé des étudiant.e.s qui avaient été brutalement déguerpi.e.s, mis.e.s à la rue et exposé.e.s à d’énormes difficultés de transport et de nourriture, la communauté s’était résolue -la mort dans l’âme- à accepter la décision de fermeture de l’UCAD présentée à l’époque comme « provisoire » par les autorités académiques, c’est qu’elle avait cru en toute bonne foi que les dégâts occasionnés par les émeutes étaient assez importants pour nécessiter une telle mesure et que de toute façon les enseignements en présentiel reprendraient au plus tard en octobre 2023.

Mais aujourd’hui, la fermeture prolongée, injustifiée et injustifiable de l’UCAD, ajoutée au précédent de juillet 2022 qui avait vu les autorités académiques prendre brutalement et sans concertation une mesure de même nature alors qu’aucune tension n’était notée en son sein, amènent à se poser légitimement la question des véritables motivations qui font régulièrement prendre à l’autorité et à sa majorité mécanique au Conseil académique, la décision contraire à toute logique académique et scientifique de vider l’institution de ses apprenants. Faut-il le rappeler, l’université sénégalaise est une institution dont le fonctionnement est fondé sur les principes d’autonomie, de gestion démocratique et de collégialité.

Ces règles de fonctionnement, consacrées par les articles 10 et 11 de la loi 94-79 sur les franchises et libertés universitaires et par la Déclaration de 1997 sur la condition du personnel d’enseignement et de recherche (PER) de l’UNESCO, sont régulièrement bafouées par les décisions à forte teneur politicienne de l’autorité de l’UCAD dont cette tendance à maintenir les apprenants hors de leur lieu naturel d’apprentissage.

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