Vendredi, Léon Marchand est devenu une légende absolue du sport français et a même laissé Marie-José Pérec dans le rétro. Pourtant, rien, hormis quelques prédispositions familiales, ne laissait penser que l’enfant chétif et timide de Toulouse partirait à la conquête du monde. La piscine était trop froide, son corps était trop ordinaire et son tempérament trop réservé. Mais il a forcé sa nature.
Parfois, tout est réuni mais la mayonnaise ne prend pas. Et avec Léon Marchand, l’histoire a bien failli se finir avant même d’avoir commencé. Pourtant, le contexte familial plante les graines d’un destin. Papa, Xavier, est vice-champion du monde du 400m 4 nages. Maman, Cécile, est spécialiste du dos et participe aux JO de Barcelone. Mais Léon, le fiston, ne rêve pas, gamin, à l’or olympique. Naturellement, dès trois ans, il plonge dans les bassins. Expérience peu concluante. Enfant frêle, Léon a froid dans l’eau. Il n’aime pas ça.
Ni son père ni sa mère ne le poussent à insister. Ce n’est pas vraiment le genre de la maison, les Marchand n’ont pas de projet pour leur progéniture, même s’il se cache un trésor dans l’ADN de l’aîné. Léon file au judo parce qu’un dojo tout près de la maison lui fait de l’oeil. Mais ça ne matche pas non plus.
« Léon a toujours été posé, tranquille, nous raconte son oncle Christophe Marchand, lui aussi nageur olympique et multiple champion de France. Le rugby, le judo, ça ne lui plaisait pas. Dès qu’il y avait un peu bagarre, ça ne lui allait pas. » Depuis toujours, Léon Marchand est la personne qu’il est aujourd’hui. Il n’a jamais varié. Calme, posé, réfléchi, ce n’est pas un turbulent.
« J’ai un fils du même âge avec le même caractère et, quand tout le monde se retrouvait, on oubliait qu’ils étaient là, témoigne encore le tonton. Ça n’a jamais été et ce ne sera jamais celui qui se mettra devant la scène, pas comme son frère, une vraie tornade. » Léon grandit à Toulouse, son père a défendu les couleurs du club de la ville, le TOEIC, l’un des plus prestigieux de France.
L’histoire de Léon, c’est d’abord celle d’un fils qui veut faire comme son père et sa mère
Alors forcément, le gamin finit par retourner dans les bassins à 7 ans. Il y rencontre alors Nicolas Castel, l’architecte de tous ses succès qui ne le quittera plus jusqu’à son quadruplé olympique. « Tout petit, ce n’était pas un talent exceptionnel, nous confie le coach qui a mis la main sur la pépite. Il avait des qualités aquatiques mais il n’était pas très grand, pas très avancé physiquement. »
Mais là encore, l’expérience ne dure pas longtemps pour le petit blond gringalet. « Il avait souvent froid, il allait à la piscine pour se faire plaisir avec ses copains. Mais vraiment rien de plus« , témoigne encore Christophe Marchand. Léon fait une pause de deux ans. Décidément, la piscine et lui, c’est d’abord une histoire d’attraction – répulsion.
A 12 ans, les choses sérieuses commencent avec des horaires aménagés. Ses parents ne sont pas d’accord avec sa décision mais le laissent vivre l’expérience. Pour comprendre son choix, il faut se rappeler que ses parents ont été de grands champions. L’histoire de Léon dans les bassins, c’est d’abord celle d’un fils qui veut faire comme son père et sa mère.