Le Sénégal, pays sahélien par excellence, figure parmi les plus vulnérables aux effets des changements climatiques, car son économie dépendante de l’agriculture et de l’élevage reste fortement sensible aux facteurs climatiques, selon Laila Adamu Arouna, chargée du volet pastoralisme durable à la Commission climat pour la région du Sahel (Ccrs).
Les changements climatiques sont les défis majeurs dont le monde est confronté. L’Afrique en général et les pays du Sahel en particulier dont le Sénégal, ne sont pas épargnés par les aléas de ces changements climatiques. Aujourd’hui, cette vulnérabilité de ces pays se ressent sur leurs moyens d’existence.
«Le Sénégal, pays sahélien par excellence, figure parmi les plus vulnérables aux effets de ces changements, car son économie dépendante de l’agriculture et de l’élevage reste fortement sensible aux facteurs climatiques», a relevé Laila Adamu Arouna de la Commission climat pour la région du Sahel. Mme Arouna intervenait hier, lors d’un atelier national de validation des besoins prioritaires en renforcement de capacités du Sénégal dans le domaine d’adaptation aux changements climatiques et du projet de feuille de route de mise en place du Groupe de travail national (Gtn) et de la Commission climat pour la région du Sahel (Ccrs) au titre du Sénégal.
Rappelant une étude de la Banque mondiale, l’experte souligne que «le Sénégal pourrait perdre jusqu’à 8% de son Pib d’ici 2030 en raison des effets des changements climatiques, ce qui toucherait en priorité les revenus des personnes les plus pauvres».
Ces effets des changements climatiques n’épargnent pas non plus les cours d’eau. «Une étude, réalisée en avril 2022 par l’Organisation internationale du travail (Oit), a mis en exergue d’autres impacts sur les systèmes biophysiques du Sénégal, la baisse des précipitations et l’augmentation de l’évapotranspiration qui ont pour conséquences notables : une baisse de plus de 50% du débit des fleuves Sénégal et Gambie, une remontée des eaux marines sur la Casamance, le Sine et le Saloum, une baisse générale du niveau des nappes, l’assèchement des rivières continentales et autres plaines d’inondations, la salinisation des eaux douces et des terres de culture dans les biefs maritimes», a-t-elle informé.
D’après Madeleine Diouf Sarr, directrice du Changement climatique, de la transition écologique et du financement au ministère de l’Environnement, «en 2022, il a été noté que 13 millions de représentants africains sont fortement sensibles aux effets des changements climatiques». Et au niveau du Sénégal et de la sous-région, poursuit-elle, «nous vivons les déficits pluviométriques qui vont créer des problèmes de production, de rendement au niveau des récoltes».
Selon toujours la directrice du Changement climatique, «il y a des déficits pluviométriques, des bouleversements au niveau de l’élevage. La problématique des changements climatiques par rapport à nos pays côtiers crée des problèmes de migration des poissons». C’est le cas du Sénégal, dit-elle.
Au regard de ce contexte, «il apparait fondamental de promouvoir des actions de réponse cohérentes et durables, basées sur une approche globale visant à renforcer la résilience et l’adaptation des communautés», a suggéré Laila Adamu Arouna.
Selon elle, «la coopération régionale est ainsi indispensable pour soutenir les pays les plus vulnérables, notamment ceux de la région du Sahel, dans leurs efforts d’adaptation aux changements climatiques».
Et c’est pour cette raison d’ailleurs qu’au sortir de la Cop21 de Paris où les Etats ont pris des engagements fermes de faire face au réchauffement climatique et d’aller ensemble face à ce défi mondial, que les Africains ont mis en place trois commissions, à savoir la Commission Sahel qui est basée à Niamey au Niger avec un Secrétariat exécutif, la Commission foresterie qui est basée en République démocratique du Congo (Rdc) et la Commission zone côtière qui est basée aux Seychelles.
Un projet mis en œuvre en vue des priorités régionales et nationales d’adaptation en Afrique de l’Ouest et du Centre (Paco), financé par le gouvernement allemand et exécuté sous la coordination de la Giz par un consortium de partenaires, composé de la Ccrs, de la Giz, de la Banque africaine de développement (Bad), de la Banque islamique de développement (Bid) et de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique (Pik).
D’après Laila Adamu Arouna, ce projet, aligné sur le Plan d’investissement climat pour la région du Sahel, vise à soutenir les priorités des Plans nationaux d’adaptation (Pna) et les Contributions déterminées au niveau national (Cdn) des pays bénéficiaires à travers les principales actions suivantes : la diffusion d’informations et de conseils sur les stratégies d’adaptation, le développement d’indicateurs de progrès en matière d’adaptation, l’élaboration de systèmes d’information pour le suivi des activités d’adaptation.
Ainsi, pendant deux jours, les acteurs, qui se réunissent présentement à Dakar, vont essayer de discuter des questions d’adaptation aux changements climatiques et valider les résultats de l’étude relative à l’identification et la validation des besoins prioritaires en renforcement des capacités d’adaptation aux changements climatiques du Sénégal.
L’objectif de cette rencontre, c’est de s’entendre en fonction des spécificités notées à travers les différentes commissions pour mieux défendre les voix de l’Afrique sur les questions internationales relatives aux changements climatiques, d’avoir une approche concertée au niveau de la sous-région pour minimiser les risques auxquels les pays du Sahel font face.
En fait, l’Afrique cherche ainsi à s’ajuster à ce phénomène de changements climatiques qu’elle ne maîtrise pas, mais qu’elle subit et qui fait d’elle une victime, si l’on sait qu’elle émet moins de 4% de gaz à effet de serre.