Lamine Camara, ancien international sénégalais sous l’ère de Claude Leroy, nous a quittés le dimanche 5 mars 2023 à Dakar, laissant derrière lui un héritage sportif et humain inestimable.
Milieu de terrain élégant et talentueux, il a marqué son époque par son courage, sa technique raffinée, sa vision limpide du jeu et sa capacité à fluidifier les relances.
Indéboulonnable au sein de ses équipes, il excellait dans le placement et le replacement, démontrant ainsi une intelligence tactique, en avance sur sa génération dont il fut le meilleur récupérateur.
Né pour le football, Lamine Camara a débuté sa carrière à l’ASC Dieuppeul avant de rejoindre l’ASC Nim-Gui de Liberté 4 (l’équipe Navétanes de son quartier), créée en 1985, où il a été le premier capitaine de l’équipe.
Cette même année, lors d’un match décisif contre l’ASC Mboolo de la zone 4A de Dakar, il inscrit un but mémorable qui restera gravé dans l’histoire du club.
Après un contrôle de la poitrine et un amorti de la cuisse, il expédia le ballon au fond des filets, offrant ainsi à l’ASC Nim-Gui sa première victoire historique dans le championnat national populaire.
Véritable leader, il savait galvaniser ses coéquipiers et leur insuffler la confiance nécessaire pour se surpasser dans le terrain.
Durant la saison 1988-1989, il rejoint l’US Ouakam en première division sénégalaise, où il s’impose comme un élément clé de l’équipe.
Aux côtés de talentueux coéquipiers, il remporte la Coupe du Sénégal, inscrivant ainsi son nom parmi les légendes du football local.
C’était l’équipe de l’USO avec Daouda Ndaw dans les buts ; Malick Ndiaye, Ass Malick Dieng et Bane Ndiaye en défense ; Lamine Camara, Abdoul Mbaye et Youssou Mbengue au milieu de terrain ; les jumeaux Al Hassane et Ousseynou Séne et Amadou Ndoye Ndiaye, alias Zamadou en attaque.
Cette même année, l’on se rappela son match héroïque en Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupe contre le Tonnerre de Yaoundé de l’international Camerounais Stéphane Tataw que les Ouakamois ont éliminé.
Cette belle prestation lui a valu sa première sélection en équipe nationale du Sénégal, sous l’ère Claude Leroy, ajoutant ainsi une belle page à l’histoire du football sénégalais.
Lamine est également passé par l’US Gorée où il a remporté en 1996 sa deuxième coupe du Sénégal en s’imposant en finale devant le Ndiambour de Louga où évoluait son frère cadet Omar Camara, grand attaquant en pointe de son état.
Son engagement, sa générosité dans l’effort, son sérieux étaient sans faille : toujours le premier à l’entraînement, le dernier à quitter le terrain. Il était un gagneur dans l’âme, un compétiteur hors pair.
Malheureusement, une grave blessure au genou mit prématurément fin à une carrière qui aurait pu le mener au plus haut niveau, y compris à l’international.
Loin de se laisser abattre par l’adversité, Lamine Camara trouva une autre vocation en devenant masseur-kinésithérapeute. Il mit son savoir-faire au service de son quartier d’origine Liberté 4, venant en aide aux personnes du troisième âge, notamment celles touchées par des AVC.
Généreux et altruiste, il prodiguait ses soins gratuitement et dans l’anonymat, refusant de tirer profit de sa bienveillance.
Ce n’est qu’après son décès que de nombreux bénéficiaires de ses massages thérapeutiques vinrent témoigner de son immense générosité et de sa discrétion.
Homme de cœur et de foi, Lamine Camara était profondément ancré dans les valeurs de l’Islam. Pieux et régulier dans ses prières, il ne manquait jamais une occasion de rappeler à ses proches l’importance de la foi et du respect des préceptes religieux. Il consacrait ses journées à faire le bien autour de lui, incarnant cette sagesse qui fait les grands hommes.
Au-delà du football et de son métier de kinésithérapeute, Lamine Camara était un acteur social engagé.
Il participait activement aux activités de son cher quartier et notamment aux arbres de Noël organisés par le conseil de quartier de Liberté 4, dirigé par son alter égo et ancien coéquipier Amath Niang, offrant des cadeaux aux enfants ; il faisait partie des parrains de l’événement pendant cinq années consécutives.
Présent aux mariages, aux baptêmes et aux funérailles, il était un pilier de la communauté, toujours prêt à soutenir les plus démunis.
Aujourd’hui, Liberté 4 lui rend hommage à travers l’organisation du Mémorial Lamine Camara, dont la deuxième édition est en préparation.
Son souvenir reste gravé dans les cœurs, et son héritage footballistique, humain et spirituel continue d’inspirer les jeunes générations.
Lamine Camara est membre d’une famille de footballeurs. Son petit frère Omar, ancien joueur de l’AS Police, du Ndiambour de Louga et de la Jeanne d’Arc de Dakar, a eu également l’honneur de porter le maillot de l’équipe nationale sous l’ère du sélectionneur Peter Schnittger.
En lui rendant cet hommage, nous saluons un homme exceptionnel, un sportif accompli et un bienfaiteur dont l’empreinte restera indélébile.
Que le Tout-Puissant lui ouvre les portes du Paradis, et qu’il repose en paix parmi les Justes.
Repose en paix, champion !
BKD…