Dans sa fameuse réponse, le Président Macron a énuméré, selon sa vision, les différentes causes de l’échec des plans de redressement économique destinés à l’Afrique. D’abord la question formulée par le journaliste ivoirien est honteuse.
Comment un intellectuel africain moderne peut utiliser l’expression «sauver l’Afrique» dans ce sommet où la majorité des Etats en veut à l’Afrique pour l’émigration ? N’est-il pas au courant que l’Afrique n’a besoin que de la sueur de ses ressortissants, toute forme d’aide ne ferait que rendre nos pauvres dirigeants encore plus soumis qu’ils ne le sont aux bailleurs. Fermons cette parenthèse pour nous pencher sur la réponse bien salée servie par le Président de la France.
En tant que fervente militante de la lutte contre l’infertilité, ce qui m’a le plus intéressée ou inquiétée est la fécondité que Monsieur le jeune président a indexé comme l’un «des défis essentiels de l’Afrique». Cette assertion ne constituerait-elle pas un «ordre» pour les gouvernements africains à plus s’engager dans la lutte contre l’accroissement de la population ? En tout cas, l’expérience a fini de nous démontrer que nos chers gouvernants sont très consentants aux «belles injonctions» des grandes puissances. Ils le sont si bien que les volontés des populations sont toujours troquées contre celles de nos «bons samaritains».
L’infertilité qui prend de plus en plus d’ampleur se retrouve oubliée. Il ne faudrait surtout pas fâcher nos «colonisateurs» en rendant encore plus fécondes les femmes africaines. Cela n’augmenterait que le nombre déjà élevé de frères qui leur arrachent leurs emplois donc leurs revenus chez eux.
Pourtant, le journal Le Monde dans un article du 18 mars 2016, mis à jour le 22 mars 2016, nous confiait qu’«en Afrique, les taux d’infertilité sont les plus élevés du monde : entre 15 % et 30 % des couples seraient touchés, contre 5 % à 10 % en Europe». Il rajoute que c’est en Afrique que les traitements sont plus rares. N’est ce pas une ironie ? Les personnes atteintes d’infertilité n’ont-elles pas droit à la santé reproductive ?
Au niveau social, ces personnes souffrent, elles crient sans se faire entendre. Elles sont victimes d’une stigmatisation sociale. Ce sont les femmes qui sont les plus heurtées. Elles sont indexées, rejetées et remplacées. La civilisation africaine est pro nataliste. Mr Macron en trouvant «un défi civilisationnel» pour l’Afrique, voudrait-il qu’on les rejoigne dans leur forme restreinte de la famille ? Voudrait-il que l’on finisse avec un manque de main d’œuvre du fait du vieillissement de la population ? Accuserait-il tous les 7e et 8e enfants d’être la cause du sous-développement de l’Afrique ? Penserait-il que leur civilisation serait mieux que la nôtre ?
En tout état de cause, certains chefs d’Etat sont prêts à appuyer Macron quelle que soit sa vision, l’essentiel c’est d’apporter une mallette remplie d’euros. La population peut continuer à souffrir, elle l’a d’ailleurs toujours fait.
Pour finir permettons-nous de rappeler à nos chers gouvernants que l’Etat doit avant tout garantir la sécurité et le bien-être de sa population. La volonté de la population prime sur toute autre volonté. M. Denis Diderot nous l’a rappelé à travers cette délicieuse citation : «Les volontés particulières sont suspectes ; elles peuvent être bonnes ou méchantes, mais la volonté générale est toujours bonne ; elle n’a jamais trompé et ne trompera jamais.»
En Afrique, la volonté générale est l’accroissement des naissances. Vous aurez beau injecter des milliards dans la planification familiale, la population restera toujours pro nataliste. Venez en aide à ces personnes atteintes d’infertilité par la modernisation des infrastructures sanitaires, misez sur la scolarisation, tout ira bien mes chers !
Ndèye Anta Fall THIONGANE